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Pourquoi Google ou Shazam font appel à l’IA?

San Francisco vit au rythme de l’intelligence artificielle (IA). En permanence, des publicités expliquent comment la technologie révolutionnera le travail et la vie courante.
Dans les bars, les discussions sur la puissance de l’IA sont légion. Les cinq grandes entreprises technologiques – Alphabet, Amazon, Apple, Meta et Microsoft – qui ont toutes soit leur siège social, soit des centres de recherche en Californie, investissent des sommes considérables pour maîtriser l’IA. Cette année, elles devraient y consacrer plus 400 milliards de dollars, soit l’équivalent de 15 % du PIB de la France. Cet engouement pour l’IA a entraîné une augmentation rapide de la capitalisation des valeurs technologiques. En un an, la valorisation des cinq entreprises mentionnées cidessus a progressé de plus de 2 000 milliards de dollars. Les investisseurs pensent que l’IA devrait générer un surcroît de revenus évalué entre 300 et 400 milliards de dollars par an dans les prochaines années. Pour le moment, il s’agit de prévisions. Cette année,

Microsoft ne gagnera que 10 milliards de dollars grâce aux ventes liées à l’IA générative.

Les autres grandes entreprises continuent à perdre de l’argent. L’IA n’échappe pas aux fausses informations ou, du moins, aux exagérations. Des entreprises réputées publient des estimations qui peuvent apparaître surprenantes. Près des deux tiers des personnes interrogées dans le cadre d’une récente enquête menée par McKinsey déclarent que leur entreprise « utilise régulièrement » cette technologie, soit près de deux fois plus que l’année précédente. Un rapport de Microsoft et LinkedIn, révèle que 75 % des salariés utilisant un ordinateur s’en servent. Comme Monsieur Jourdain avec la prose, tout le monde recourt à l’IA sans le savoir. Ce n’est pas complètement faux.

Les moteurs de recherche que ce soit celui de Google ou de Shazam font appel à l’IA.

L’intégration de l’IA dans les processus métier reste une activité de niche. Selon le Bureau américain des statistiques, au début de l’année 2024, seulement 5 % des entreprises ont eu recours, dans le cadre de leur process de production, à l’IA au cours des quinze derniers jours avant l’enquête. ChatGPT serait utilisé régulièrement par plus de 180 millions de personnes mais l’entreprise OpenAI, qui en est à l’origine, communique peu sur le nombre des abonnements payants. Au Canada, en 2023, 6 % des entreprises ont utilisé l’IA pour fabriquer des biens et fournir des services au cours des 12 derniers mois.

Le déploiement de l’IA n’est pas exempt de problèmes. McDonald’s a mis un terme à l’utilisation de l’IA pour prendre les commandes des clients, le système ayant tendance à majorer leur montant. Des entreprises préfèrent différer leurs investissements dans l’IA par crainte que ces derniers soient rapidement obsolètes. Pour le moment l’IA n’a pas d’effets réels sur le marché de l’emploi. Elle ne génère pas des destructions d’emplois massifs dans certains secteurs. Les salariés ne tentent pas, par tous les moyens, de changer de travail pour intégrer une entreprise qui aurait recours à l’IA. Les craintes que cette technologie provoque la disparition de millions d’emplois ne se réalisent pas, pour le moment. L’IA apparaît avant tout comme une aide, comme une source d’amélioration du travail et non comme une technologie disruptive comme pu l’être dans les années 1990 le numérique. Pour le moment, l’IA a peu d’effets sur la productivité. Selon les dernières estimations de l’OCDE, la production réelle par employé n’augmente pas. Aux États-Unis, cœur mondial de l’IA, la production horaire reste inférieure à sa tendance d’avant 2020. Un des facteurs explicatifs de cette absence de gains de productivité provient de la faiblesse de l’investissement. Aux ÉtatsUnis, l’investissement global des entreprises dans les équipements et logiciels de traitement de l’information augmente de 5 % sur un an en termes réels, bien en-dessous de la moyenne à long terme. Au sein de l’ensemble de l’OCDE, l’investissement augmente plus lentement que dans les années 2010.

Cette absence de gains de productivité avait été constatée dans les années 1980/1990 lors de la diffusion des microprocesseurs. L’économiste, prix Nobel Robert Solow avait ainsi déclaré « on voit des ordinateurs partout, sauf dans les statistiques de productivité ». Quelques années plus tard, la productivité s’était accrue. Les vagues technologiques, du tracteur à l’électricité en passant par l’ordinateur personnel, mettent du temps à se propager à l’ensemble de l’économie. En supposant que les revenus de l’IA des grandes technologies augmentent en moyenne de 20 % par an, les investisseurs prévoient que la quasi-totalité des revenus de l’IA des grandes technologies arriveront après 2030.

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